I. Présentation▲
Ruby on Rails, ou RoR ou Rails, est un framework web basé sur le design pattern MVC et utilisant le langage Ruby.
Ruby est un langage de programmation interprété orienté objet.
Toute donnée est un objet, y compris les types primitifs.
Rails a été conçu avec l'idée de respecter deux principes: DRY ou « Don't Repeat Yourself » (Ne pas se répéter) et « Convention plutôt que Configuration ».
Le premier prône la réutilisation du code déjà existant.
Le deuxième force les développeurs à respecter des conventions de nommage. C'est à première vue une contrainte, mais cela va permettre à Rails de prendre en charge la configuration de l'application au lieu de laisser cette tâche aux développeurs.
Ces conventions doivent être suivies, mais peuvent être contournées au prix de plus de configuration dans les fichiers.
Rails, par exemple, suppose que les noms des tables sont au pluriel et écrits en minuscule.
Cette convention permet à Rails de faire directement un mapping entre les tables et les classes, sans obliger le développeur à décrire ce mapping dans un fichier xml comme cela doit être fait avec Hibernate par exemple.
Le framework MVC Rails est complet et propose des outils pour chacune des couches de l'application.
Le modèle est géré par le composant ActiveRecord, le contrôleur et la vue par Action Pack, les web services par le composant Action Web Service. Ajax est intégré avec le composant Prototype.
Rails est aussi livré avec des générateurs de code, très pratiques pour créer rapidement les bases de notre application.
II. installer Rails▲
On peut télécharger l'installation tout-en-un de Ruby sur le site http://rubyinstaller.org/rubyInstaller .
Il suffit d'installer Ruby en suivant les recommandations de l'installeur.
Pour tester la bonne installation de Ruby, dans une invite de commandes, tapez la commande « irb »;
irb est un interpréteur de commandes ruby, comme il en existe pour le langage Caml ou des langages fonctionnels comme Scheme ou Lisp.
Passons à l'installation de Rails. La procédure d'installation est la même que pour les autres packages de Ruby.
Dans une invite de commandes, tapez la commande
gem install rails --include-dependencies. gem téléchargera et installera lui-même le package rails ainsi que tous les packages dont dépend Rails.
Tout est prêt pour mettre en place notre première application Rails.
III. Configuration de l'application▲
L'application est un annuaire gérant la liste des collaborateurs d'une entreprise.
Pour le stockage des données, nous allons créer une base de données Mysql annuaire.
Dans cette base de données, nous créons une table collaborateurs. (le pluriel est important pour le nom de la base, Rails imposant certaines règles de nommage)
Voici le code SQL permettant la création de la table :
CREATE
TABLE
collaborateurs (
id int
(
11
)
NOT
NULL
auto_increment
,
nom varchar
(
255
)
NOT
NULL
,
prenom varchar
(
255
)
NOT
NULL
,
dateNaissance date
default
NULL
,
telephone varchar
(
255
)
default
NULL
,
mail varchar
(
255
)
default
NULL
,
PRIMARY
KEY
(
id)
)
Rails impose d'avoir un champ id comme clé primaire (primary key ou PK) autoincrémentée.
Ensuite, dans une console, placez-vous dans le même répertoire que l'application.
Tapez la commande :
rails annuaire
Rails va créer pour nous le squelette de notre application.
Allez dans le répertoire « annuaire » nouvellement créé.
Dans le répertoire app se trouveront nos fichiers ruby.
Rails va nous aider à les créer, il va notamment générer pour nous les fichiers de mapping avec la base.
Dans le fichier config/database.yml se trouvent les informations pour se connecter à la base.
Par défaut, rails configure l'accès à trois bases, une pour le développement, une pour la production et une pour les tests.
Seule celle pour le développement nous intéresse pour le moment.
Au besoin, remaniez les informations comme username, password, host et database.
Dans notre cas, le fichier database.yml est modifié. Le nom de la base est annuaire et non annuaire_development.
Pour créer ensuite un CRUD (Create, Read, Update, Delete) permettant de manipuler les données de notre base avec les opérations « create », « read », « update » et « delete », dans une console, allez dans le répertoire annuaire et tapez la commande :
ruby script\generate scaffold Collaborateur
Le script ruby generate va générer pour nous le modèle, le contrôleur et les vues de notre CRUD.
Il ne reste alors plus qu'à le tester.
Lançons pour ça le serveur d'applications que Rails utilise (Webrick) :
ruby script\server
Dans votre navigateur web, allez à l'URL :
http://localhost:3000/collaborateurs
Vous avez déjà un CRUD basique qui marche sur le serveur d'applications WebRick, idéal pour le développement.
Lorsque vous souhaiterez passer en production, il sera possible de passer sur un serveur Apache par exemple.
Le système des URL de l'application est très simple à manipuler.
Après l'URL de l'application (en développement, http://localhost:3000), on ajoute le nom du contrôleur et ensuite le nom de la méthode du contrôleur.
Par exemple, pour créer un nouveau collaborateur, nous irons à l'URL http://localhost:3000/collaborateurs/new.
Pour avoir la fiche du collaborateur ayant l'id 1, on va utiliser la méthode show et lui donner comme paramètre 1 donc http://localhost:3000/collaborateurs/show/1
IV. Validation de formulaire▲
Pour rester cohérent avec la base de données, nous devons exiger que les champs du formulaire Nom et Prenom de la page edit ou new ne soient pas nuls.
Les classes de la partie Modèle du MVC se trouvent dans le répertoire annuaire/app/models.
On aura une classe ruby pour chaque table SQL.
Nous avons donc une classe Collaborateur.
Modifions le fichier app/models/collaborateur.rb :
class
Collaborateur <
ActiveRecord::
Base
validates_presence_of :nom
, :prenom
end
La méthode validates_presence_of est fournie par Rails et permet de vérifier que les champs passés en arguments sont bien présents lors de la validation du formulaire.
Il existe plusieurs méthodes permettant de vérifier plusieurs choses lors de la validation du formulaire, par exemple le format d'un champ (nous nous en servirons par la suite), la longueur d'un champ, etc..
Une liste de ces méthodes est disponible dans la documentation de Rails à cette adresse : http://api.rubyonrails.org/classes/ActiveRecord/Validations/ClassMethods.html#M000941
Maintenant, si le formulaire est validé avec un des champs nom ou prenom vide, nous aurons le message d'erreur suivant :
Nous souhaiterions un contrôle sur le champ mail pour qu'il respecte le format des adresses mails.
Nous allons donc utiliser cette fois-ci la méthode de validation validates_format_of, qui prend en argument le champ à vérifier et une expression régulière à tester sur ce champ. Modifions le fichier app/models/collaborateur.rb :
class
Collaborateur <
ActiveRecord::
Base
validates_presence_of :nom
, :prenom
validates_format_of :mail
, :with
=>
/^([^@\s]+)@((?:[-a-z0-9]+\.)+[a-z]{2,})$/
end
On aura alors ce message d'erreur si jamais le format du mail est invalide :
V. Modification des vues▲
On veut maintenant modifier l'affichage d'une des pages, par exemple celle listant les collaborateurs.
Rails nous a généré les fichiers .rhml qui sont des pages html agrémentées de code ruby dans le répertoire app/views (partie Vue du MVC).
Modifions donc le fichier app/views/collaborateur/list.rhtml pour que la liste n'affiche que le nom et le prénom du collaborateur et que ce nom+prénom soit un lien vers la fiche complète du collaborateur :
<h1>
Listing collaborateurs</h1>
<table>
<%
for
collaborateur in
@collaborateurs
%>
<tr>
<td>
<%=
link_to collaborateur.nom +
' '
+
collaborateur.prenom ,
:action
=>
'show'
,
:id
=>
collaborateur %>
</td>
<td>
<%=
link_to 'Edit'
,
:action
=>
'edit'
,
:id
=>
collaborateur %>
</td>
<td>
<%=
link_to 'Destroy'
,
{
:action
=>
'destroy'
, :id
=>
collaborateur }
,
:confirm
=>
'Are you sure?'
,
:post
=>
true
%>
</td>
</tr>
<%
end
%>
</table>
<%=
link_to 'Previous page'
,
{
:page
=>
@collaborateur_pages
.current.previous }
if
@collaborateur_pages
.current.previous %>
<%=
link_to 'Next page'
,
{
:page
=>
@collaborateur_pages
.current.next
}
if
@collaborateur_pages
.current.next
%>
<br />
<%=
link_to 'New collaborateur'
, :action
=>
'new'
%>
Pour que le champ date de notre formulaire soit plus « francophone », il faut modifier le fichier app/views/collaborateur/_form.rhtml et mettre plus d'options sur le date_select :
<%=
date_select
'collaborateur'
,
'dateNaissance'
,
:order
=>
[
:day
, :month
, :year
]
,
:use_month_numbers
=>
true
,
:start_year
=>
1900
,
:end_year
=>
Date.today.year,
:include_blank
=>
true
%>
Cette instruction génère un champ SELECT dans notre formulaire html, les arguments nous permettent de le configurer à notre convenance.
le date_select va chercher l'information dateNaissance dans la table collaborateur.
L'ordre des select sera (jour, mois, année), les noms des mois seront remplacés par leurs numéros,
la fourchette des années sera [1900;année en cours] et l'utilisateur a la possibilité de ne pas renseigner l'un des select.
Pour que le format d'affichage des dates soit par défaut jj/mm/yyyy et que les noms des jours et mois soient en français,il faut ajouter à la fin du fichier config/environment.rb cette ligne :
require
'overrides'
et ajouter le fichier lib/overrides.rb :
Date::
MONTHS =
{
'Janvier'
=>
1
,
'Fevrier'
=>
2
,
'Mars'
=>
3
,
'Avril'
=>
4
,
'Mai'
=>
5
,
'Juin'
=>
6
,
'Juillet'
=>
7
,
'Aout'
=>
8
,
'Septembre'
=>
9
,
'Octobre'
=>
10
,
'Novembre'
=>
11
,
'Decembre'
=>
12
}
Date::
DAYS =
{
'Lundi'
=>
0
,
'Mardi'
=>
1
,
'Mercredi'
=>
2
,
'Jeudi'
=>
3
,
'Vendredi'
=>
4
,
'Samedi'
=>
5
,
'Dimanche'
=>
6
}
Date::
ABBR_MONTHS =
{
'jan'
=>
1
,
'fev'
=>
2
,
'mar'
=>
3
,
'avr'
=>
4
,
'mai'
=>
5
,
'juin'
=>
6
,
'juil'
=>
7
,
'aou'
=>
8
,
'sep'
=>
9
,
'oct'
=>
10
,
'nov'
=>
11
,
'dec'
=>
12
}
Date::
ABBR_DAYS =
{
'lun'
=>
0
,
'mar'
=>
1
,
'mer'
=>
2
,
'jeu'
=>
3
,
'ven'
=>
4
,
'sam'
=>
5
,
'dim'
=>
6
}
Date::
MONTHNAMES =
[
nil
]
+
%w(Janvier Fevrier Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Septembre Octobre Novembre Decembre )
Date::
DAYNAMES =
%w(Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche )
Date::
ABBR_MONTHNAMES =
[
nil
]
+
%w(jan fev mar avr mai juin juil aou sep oct nov dec)
Date::
ABBR_DAYNAMES =
%w(lun mar mer jeu ven sam dim)
class
Time
alias
:strftime_nolocale
:strftime
def
strftime(
format)
format =
format.dup
format.gsub!(/
%a
/
, Date::
ABBR_DAYNAMES[
self
.wday])
format.gsub!(/
%A
/
, Date::
DAYNAMES[
self
.wday])
format.gsub!(/
%b
/
, Date::
ABBR_MONTHNAMES[
self
.mon])
format.gsub!(/
%B
/
, Date::
MONTHNAMES[
self
.mon])
self
.strftime_nolocale(
format)
end
end
VI. Mapping des relations 1-n▲
Nous allons ajouter une table fonctions à notre base de données pour illustrer les relations 1-n.
Un collaborateur exerce une fonction et une fonction peut être exercée par plusieurs collaborateurs.
CREATE
TABLE
fonctions (
id int
(
11
)
NOT
NULL
auto_increment
,
titre varchar
(
255
)
NOT
NULL
,
PRIMARY
KEY
(
id)
)
Comme pour collaborateurs, nous devons avoir une colonne id comme clé primaire et autoincrémentée.
De plus, il faut rajouter une colonne fonction_id à la table collaborateurs, qui sera une clé étrangère pointant vers un enregistrement de la table fonctions.
Dans une console, nous lançons la commande :
ruby script\generate scaffold fonction
Un CRUD est alors disponible pour les fonctions à l'URL : http://localhost:3000/fonctions
Vous pouvez l'utiliser pour y entrer des fonctions qui seront ensuite affectées aux collaborateurs.
Pour faire la jointure entre les deux classes modèles, il faut ajouter une ligne dans chacune d'entre elles.
Dans le fichier app/models/collaborateur.rb :
class
Collaborateur <
ActiveRecord::
Base
belongs_to :fonction
validates_presence_of :nom
, :prenom
validates_format_of :mail
, :with
=>
/^([^@\s]+)@((?:[-a-z0-9]+\.)+[a-z]{2,})$/
end
La méthode belongs_to indique alors qu'un collaborateur « appartient » à une fonction, c'est-à-dire que la clé étrangère fonction de la classe Collaborateur appartient à la table Fonctions.
Dans le fichier app/models/fonction.rb :
class
Fonction <
ActiveRecord::
Base
has_many :collaborateurs
end
Cette fois-ci, nous utilisons la méthode has_many, car une fonction peut « posséder » plusieurs collaborateurs, c'est-à-dire qu'à une fonction, on fait correspondre plusieurs collaborateurs.
Il faut maintenant modifier le contrôleur de collaborateur pour qu'il prenne en compte les fonctions.
Les classes contrôleurs (une par table SQL) se trouvent dans le répertoire app/controllers.
On modifie donc le fichier app/controllers/collaborateurs_controller.rb et en particulier sa méthode edit :
def
edit
@collaborateur
=
Collaborateur.find(
params[
:id
])
@fonctions
=
Fonction.find_all
end
Fonction.find_all est une méthode de la classe modèle Fonction qui renvoie la liste de toutes les fonctions.
La vue utilisera cet attribut @fonctions pour remplir le select du formulaire.
Logiquement, il faut donc faire de même dans la méthode new :
def
new
@collaborateur
=
Collaborateur.new
@fonctions
=
Fonction.find_all
end
Il faut finalement ajouter un select au fichier app/views/collaborateurs/_form.rhtml :
<p>
<b>
Fonction:</b><br>
<select name
=
"collaborateur[fonction_id]"
>
<%
@fonctions
.each do
|
fonction|
%>
<option value
=
"
<%= fonction.id %>
"
<%
=
' selected'
if fonction.id
==
@collaborateur.fonction_id %>
>
<%=
fonction.titre %>
</option>
<%
end
%>
</select>
</p>
et afficher cette nouvelle information dans la fiche d'un collaborateur dans le fichier app/views/collaborateurs/show.rhtml :
<p><b>
Fonction: </b><%=
@collaborateur
.fonction.titre %></p>
VII. Conclusion▲
Nous avons vu que Rails était très productif, car nous avons eu une application utilisable très rapidement.
Nous avons vu que l'application générée était très simple à modifier pour l'adapter à nos besoins. L'architecture de l'application respecte le modèle MVC, très important pour que l'application soit facilement maintenable.
Rails peut être utilisé pour réaliser rapidement des maquettes d'applications, mais le framework a aussi montré qu'il était utilisable pour développer de grosses applications (exemples : Basecamp, Odeo, List Apart, Scoopeo.com, etc.).
VIII. Remerciements▲
Je tiens à remercier titoumimi pour ses conseils qu'il m'a apportés tout au long de la rédaction de cet article ainsi que jc_cornic et fearyourself pour leurs relectures.